"Du 20 au 24 août 2007 s’est déroulé le second chantier d’étude du bâti du château de Beaufremont. Initialement prévu pour achever les travaux débutés durant la session 2006 sur le pont-levis occidental, les conditions météorologiques difficiles ont obligé les participants à se replier à l’abri, dans le niveau de cave d’une des tours du front nord du château, la tour d’Ardoises. Cette tour, ainsi dénommée en raison du matériau utilisé pour sa couverture, a été détruite en 1824 et il n’en reste aujourd’hui que le niveau bas. Cependant, on sait par plusieurs textes du XVIème siècle qu’elle comptait au dessus de celui-ci quatre étages, le dernier étant à usage de prison. La circulation verticale se faisait par le moyen d’un escalier à vis, qui débouchait au sommet sur une lanterne servant au guet. Extérieurement, elle présentait un plan en fer à cheval saillant de sept mètres sur la courtine et montait depuis le fond du fossé.
Le chantier d’étude a porté sur les élévations de la cave de la tour et du couloir d’accès à celle-ci depuis une autre cave située sous le Vieux Logis. Cette cave présente un plan carré de cinq mètres de côté aux angles abattus vers le nord. Elle est voûtée en berceau et offre un beau volume avec une hauteur de 3,50 mètres. Le mur nord est percé d’une grande fenêtre, aujourd’hui murée, dont l’embrasure cintrée pourrait rappeler le XIIIème siècle. Côté est, un corridor voûté de 2,50 mètres de long mène à une poterne permettant d’accéder au fossé. Quant au mur sud, il présente un large arc de décharge contemporain du reste de la maçonnerie (photo). A droite de ce dernier arrive le couloir d’accès à la cave.
Ce couloir d’accès de cinq mètres de long provient de la cave située sous le Vieux Logis. Il a été percé dans l’épaisseur de la muraille et est voûté d’un berceau brisé. Chacune de ses extrémités était fermée par une porte dont on a conservé les traces de gonds sur les murs. De chaque côté, le linteau est constitué par un monolithe triangulaire soutenu par deux impostes qui ont les caractéristiques de types existant à la fin du XIIIème et au début du XIVème siècle (photo). Côté tour d’Ardoises, un dégagement a été aménagé dans le couloir pour permettre à la porte de s’ouvrir sans gêner la circulation. Cette porte était fermée à l’aide de deux poutres en bois qui coulissaient chacune dans un trou pratiqué dans l’épaisseur du mur.
Parallèlement à ces relevés pierre à pierre des élévations, la prospection des anciennes carrières exploitées à proximité du château a permis d’identifier avec précision la nature des pierres utilisées pour la construction. On distingue nettement deux faciès. L’essentiel des murs et des voûtes sont maçonnés avec des calcaires à entroques de couleur ocre ; il s’agit d’une pierre vulgaire, peu esthétique et au débit mauvais, dont l’intérêt réside dans sa très grande résistance à l’écrasement. Quant aux encadrements de porte et aux impostes, ils ont été réalisés à l’aide de calcaires à polypiers blancs : il s’agit d’une pierre très esthétique, avec un très bon débit et une meilleure sédimentation, donc particulièrement bien adaptée à la taille. Ces deux qualités de pierre étaient présentes en abondance sur le site du château de Beaufremont, installé sur les calcaires du Bajocien de la côte de Moselle."
Un troisième chantier aura lieu du 18 au 22 août 2008, afin de compléter les travaux de relevé entrepris en 2006 et 2007, et notamment achever l'étude du pont-levis occidental et de la Tour d'Ardoises.
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