mardi 29 avril 2008

Pierre de Beaufremont, seigneur de Charny, au baptême du fils du peintre Van Eyck

Trouvé dans un registre de compte du duc de Bourgogne Philippe le Bon pour l’année 1434 (Archives Départementales du Nord, B 1951, f° 218 v°) :
« A Jehan Pentin, orfevre demourant à Bruges, la somme de quatre-vins seze livres douze solz, du pris de XL gros monnoye de Flandres la livre, qui deue lui estoit pour la vendue et delivrance de six tasses d’argent pesans ensemble XII marcs, du pris de VIII livres I sol le marc, lesquelles mondit seigneur [le duc de Bourgogne] a de lui fait prendre et achecter pour les, de par icellui seigneur, donner et presenter au baptisement de l’enfant Johannes Van Eck, son paintre et varlet de chambre, lequel il a fait tenir sur fons en son nom par le seigneur de Chargny, comme plus à plain peut apparoir par mandement de mondit seigneur sur ce fait et donné en sa ville de Bruxelles le dernier jour de juing XXXIIII, quictance dudit Jehan Pentin et certifficacion dudit seigneur de Chargny. »

Ce paiement à l’orfèvre brugeois Jean Pentin nous apprend que Philippe le Bon, duc de Bourgogne de 1419 à 1467, parrain du fils du peintre Jan Van Eyck, avait offert pour son baptême six tasses d’argent et s’était fait représenter à la cérémonie par son chambellan Pierre de Beaufremont, seigneur de Charny , qui avait porté l’enfant sur les fonts baptismaux. Pierre de Beaufremont, seigneur de Charny, est un fils cadet du seigneur de Scey-sur-Saône, branche cadette de la famille de Beaufremont installée en Bourgogne au début du XIVème siècle. C’est sans doute le représentant de la famille qui eut en son temps la plus grande renommée. A ce titre, Philippe le Bon, instituteur de l’ordre de la Toison d’or, le fit chevalier de cet ordre dès sa fondation le 10 janvier 1430 à Bruges, et lui donnera en mariage sa fille naturelle Marie en 1447.

Ce texte nous permet également d’entrevoir la vie à la cour de Bourgogne au temps de Philippe le Bon. Ses possessions s’étirant du duché de Bourgogne au sud jusqu’à la Hollande au nord, la cour était itinérante. Sans négliger son palais de Dijon et son hôtel d’Artois à Paris, il privilégia ses résidences du nord, en particulier le palais du Coudenberg à Bruxelles, mais aussi l’Hôtel de la Salle à Lille, le palais comtal de Bruges et plusieurs résidences à Gand. Fidèle au mécénat politique, le duc Philippe s’entoura d’artistes, et notamment du peintre Jan Van Eyck qui fut à son service de 1425 jusqu’à sa mort en 1441 en qualité de peintre et de valet de chambre. On lui connaît notamment deux œuvres en lien direct avec la cour ducale : la Vierge au chancelier Rolin, commandée par ce dernier vers 1435 pour la cathédrale d’Autun (Musée du Louvre, ci-dessus), et le Portrait de Baudouin de Lannoy, gouverneur de Lille et chevalier de la Toison d’or, vers 1430 (Gemäldegalerie de Berlin).

lundi 28 avril 2008

Pourquoi ce blog ?

Ce blog se fait l'écho de mes travaux de recherches médiévales sur le lignage seigneurial de Beaufremont - ou Bauffremont si l'on adopte la graphie du nom porté par la famille à l'époque moderne plutôt que celle du village de l'ouest vosgien d'où le lignage est originaire. J'ai entrepris les premières recherches dès 1999 dans le cadre d'un mémoire de maîtrise sur le château de Beaufremont. Cela m'a notamment permis d'entrevoir qu'il y avait là un objet d'étude vaste et encore méconnu. Quelques années plus tard, le CAPES en poche, le goût de la recherche ne s'étant pas éteint, vient l'idée de reprendre ces travaux en les élargissant à l'ensemble des lignages issus des premiers seigneurs de Beaufremont. En Lorraine, mais aussi en Bourgogne où des branches cadettes se sont installées et pour certaines ont acquis une belle notoriété à la cour des ducs de Bourgogne. Depuis 2005, je me suis donc replongé dans les archives et réapproprié les ruines du château de Beaufremont où a maintenant lieu chaque été un chantier d'étude du bâti.

Dans ce blog, j'ai projet de faire partager les trouvailles piochées dans les archives, des commentaires liés à mes lectures, des nouvelles de mes recherches, des informations historiques sur le lignage et des données archéologiques sur le château. Cela se fera pêle-mêle, au fil de l'avancement de mes travaux. Peut-être ces travaux déboucheront-ils un jour sur la rédaction d'une thèse, c'était en tout cas l'objectif initial il y a maintenant quelques années. Qui sait ?

Le titre de ce blog fait référence au seul ouvrage historique publié sur Beaufremont, il y a un siècle et demi : l'Essai historique sur Beaufremont, son château et ses barons, de J.-C. Chapellier. Il est donc utile d'entreprendre un nouveau travail sur l'histoire de cette famille. N'hésitez pas, par vos commentaires, à me communiquer vos informations et remarques afin de permettre l'aboutissement de ce projet.