mercredi 5 novembre 2008

Histoire des seigneurs de Beaufremont (1)



Les premiers seigneurs au XIIème siècle (1115-1190)

Je vous propose une brève présentation historique des seigneurs de Beaufremont des origines à la fin du XVIème siècle, divisée en trois périodes. Cette première partie est consacrée à la naissance de la seigneurie au XIIème siècle.

Contrairement à ce que laissent penser une légende tenace, qui fait remonter le lignage de Beaufremont à l’époque mérovingienne, et une série de faux diplômes impériaux réalisés au XVIIIème siècle présageant de l’existence du château de Beaufremont vers l’an Mil, la naissance de la seigneurie de Beaufremont s’inscrit dans un mouvement général à toute la Lorraine : celui de l’émergence des seigneuries châtelaines aux XIème-XIIème siècles.

En effet, la première mention de Beaufremont relevée dans les archives remonte à 1115. A cette date, l’évêque de Toul Ricuin (1107-1126) règle un différend opposant l’abbaye de Saint-Mihiel à un chevalier nommé Liébaud. Ce dernier a usurpé des terres appartenant à l’abbaye qui étaient limitrophes de Beaufremont (« Berfredimontis confinio adjacentem ») et contigües aux siennes. Cela signifie que ce Liébaud était possessionné à Beaufremont ; l’usage du prénom Liébaud à trois autres reprises chez les seigneurs de Beaufremont atteste qu’il s’agit très certainement là du fondateur du lignage seigneurial de Beaufremont.

Ce chevalier pourrait très bien avoir été commis à la garde d’une des nombreuses forteresses qui constituent ce qu’il est convenu d’appeler le « verrou de Neufchâteau ». En effet, la région du Bassigny où se situe Beaufremont revêt dès le XIème siècle une importance stratégique particulière du fait de la proximité de la haute vallée de la Meuse qui matérialise la frontière entre les principautés lorraines (comté de Bar et duché de Lorraine) et le comté de Champagne. Chacune de ces puissances marque son territoire en érigeant des points fortifiés qu’elle fait garder par des chevaliers ou remet à des vassaux (Neufchâteau, Châtenois, Bourmont, Rorthey, ...). Quant à savoir qui était ce Liébaud, on ne le saura sans doute jamais, mais on peut émettre l’hypothèse qu’il s’agisse d’un cadet d’un lignage noble qui émerge alors dans la région.


D’autant que la charte de 1115 est le seul texte connu portant mention de Liébaud Ier de Beaufremont . Par contre, sa descendance est beaucoup mieux renseignée, notamment son fils Hugues qui est repéré dans une vingtaine d’actes entre 1144 et 1190. Il s’agit essentiellement de chartes dans lesquelles Hugues est présent comme témoin, émanant des évêques de Toul Henri de Lorraine (1126-1165) et Pierre de Brixey (1168-1191), de l’évêque de Langres Gauthier de Bourgogne (1163-1179), du duc de Lorraine Simon II (1176-1205) et du comte de Bar Henri Ier (1170-1190). La plupart de ces actes concernent des donations aux grands établissements ecclésiastiques de la région (abbayes de Chaumousey, de Morimond, de l’Etanche, de La Crête et de Mureau, prieuré de Châtenois), certaines de ces donations émanant d’Hugues lui-même ou de ses frères et sœurs. On a là une idée du réseau qu’est alors en train d’intégrer Hugues (pour la première fois appelé seigneur de Beaufremont en 1180), celui des grands seigneurs laïcs et ecclésiastiques du Bassigny champenois et lorrain.

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